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Conception « Je recycle des charrettes en outils pour chargeur frontal »

Pour équiper son chargeur en accessoires, Anthony Trouillet récupère des essieux de vieilles charrettes à foin, qu’il modifie en fonction de ses besoins.

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Joindre l’utile à l’agréable, c’est ce qu’Anthony Trouillet a en tête lorsqu’il est occupé à fabriquer du matériel. Au Gaec des Martins, il élève des limousines au cœur du pays charolais, avec son associé Philippe Veillon, à Châtenay (Saône-et-Loire).

Astucieux bricoleur, il conçoit, depuis une quinzaine d’années, des outils pour chargeur frontal à partir de matériaux de récupération. Il a ainsi mis au point une dérouleuse, une pince à balles, une fourche à palettes, un godet de grande capacité ainsi qu’une nacelle.

 

La nacelle pour chargeur frontal procure sécurité, confort et bonne hauteur de travail pour les travaux d’élagage. © G. Baron

Couper et ressouder

La fabrication de ces différents matériels s’est faite après qu’Anthony a remarqué la similitude de diamètre entre un essieu de vieux chariot et les crochets d’attelage MX. « Cela servait au transport de foin avant que les tracteurs n’arrivent dans les exploitations, explique-t-il. Il y en a dans presque tous les corps de ferme de la région. »

 

Sur ce godet de grande capacité, on distingue l’endroit où l’essieu a été coupé et ressoudé, au milieu de la barre d’attelage. © G. Baron

Le diamètre correspond parfaitement, la largeur n’est cependant pas la bonne. Il coupe, donc, l’essieu en deux, ampute chaque morceau de quelques centimètres, puis les ressoude ensemble. Il peut ensuite travailler autour de cette barre. L’agriculteur commence par l’intégrer dans un cadre, puis l’agrémente en fonction de ce qu’il construit. Le niveau de technicité de ses réalisations varie.

 

La dérouleuse a été conçue à partir de plusieurs matériels différents, dont une charrue et une presse à balles rondes. © G. Baron

Plusieurs morceaux de machines assemblés

L’un des accessoires dont Anthony se sert le plus au quotidien est une dérouleuse. « Celle-ci est créée intégralement à partir de matériels de récupération. En plus du vieil essieu, j’ai recouru à une tête de charrue, un moteur hydraulique issu d’une moissonneuse-batteuse, des pignons, des chaînes de presse à balles rondes et des pièces de pique-bottes. »

Il a adapté les flexibles d’alimentation du moteur hydraulique au coupleur Mach 2 de son chargeur. L’outil peut tourner dans les deux sens, avec une progressivité dans la vitesse de rotation.

 

« Au quotidien, cette dérouleuse nous change la vie, glisse l’exploitant. Dérouler les bottes d’enrubannage à la main constituait une tâche journalière laborieuse et chronophage. Désormais, en quelques minutes, c’est effectué. » Voilà une douzaine d’années que cette machine rend de bons et loyaux services au Gaec des Martins.

La dérouleuse utilise un moteur hydraulique récupéré sur une moissonneuse-batteuse. © G. Baron

 

Pour la manipulation des bottes de foin et de paille, Anthony a également fabriqué une pince à balles - pique-bottes. Pour celle-ci, la plupart du matériel, en dehors de l’essieu, a été acheté pour être assemblé ensuite. Le vérin est également couplé au tracteur via un Mach 2 acheté par l’éleveur bourguignon. « Cet outil n’a pas été réussi du premier coup, j’ai eu quelques soucis pour bien ajuster l’ouverture de la pince, confie l’agriculteur. Toutefois, une fois que cela a été réglé, elle n’a jamais fait défaut et elle a plusieurs saisons à son actif. »

En dehors de ces deux réalisations plus techniques, Anthony a conçu une fourche à palettes simple et efficace. Il a aussi pu adapter un godet de chantier de grande capacité à son chargeur.

 

La pince-pique-bottes et la fourche à palettes viennent compléter la gamme d’accessoires de manutention faits « maison ». © G. Baron

 

S’adapter aux besoins

La région Bourgogne-Franche-Comté est bocagère et de nombreuses heures de travail sont dédiées à l’entretien des arbres et des haies. « Mettre une personne dans un godet pour atteindre les branches hautes est trop dangereux. Il fallait construire quelque chose de plus sûr et pratique, indique l’éleveur. J’ai, par conséquent, réalisé une sorte de nacelle. Celle-ci a plusieurs avantages. D’une part, le fond est plat, et il y a un garde-corps à bonne hauteur pour sécuriser ces travaux. D’autre part, on peut atteindre des branches plus hautes, car le plancher est plus élevé. »

Grâce à ses différentes constructions, Anthony dispose de plusieurs outils obtenus à des coûts dérisoires. Ces matériels lui ont coûté moins de 2 000 euros cumulés. Et, cerise sur le gâteau, il a pu débarrasser des voisins des vieux chariots inutiles qui encombraient les cours de fermes.

Gildas Baron

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